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A la COP28, John Kerry défend une sortie des fossiles, mais sous conditions

Sans hésiter, sa grande silhouette s’est dirigée vers le pupitre de la salle de conférences du Dubai Exhibition Centre. Mercredi 6 décembre, John Kerry a choisi de parler debout et seul, alors que la plupart des chefs de délégation sont assis, accompagnés d’homologues ou de conseillers. A presque 80 ans, l’envoyé spécial d’un président Joe Biden absent de la 28ᵉ Conférence des parties pour le climat (COP28), est venu à Dubaï avec une bonne dose d’optimisme dans ses bagages.
Il s’est ainsi félicité de la « franchement bonne semaine » que les négociateurs venaient de passer et a prédit « amusement et plaisir » aux ministres pour démêler tous les fils. « Il reste évidemment des problèmes complexes à résoudre. (…) Personne n’esquive et personne ne fera semblant de le faire », a déclaré ce vétéran de la diplomatie, ancien candidat à la présidentielle en 2004.
Un exercice de communication qui tranchait avec le ton alarmiste de certains Européens. Alors que les Etats-Unis ont réintégré, en 2021, l’accord de Paris sur le climat, quatre ans après en être sortis sous la présidence de Donald Trump, ils s’affichent dans le camp des ambitieux en matière de politique climatique. A propos des énergies fossiles, le débat crucial de cette COP, M. Kerry a même repris le terme de « phase out » (sortie) revendiqué par les défenseurs de la cause climatique. « Si vous voulez réduire les émissions et atteindre réellement l’objectif de zéro émission nette d’ici à 2050, vous devez procéder à une sortie progressive. Il n’y a pas d’autre moyen d’atteindre cet objectif, a-t-il déclaré. Il faut éliminer progressivement les combustibles fossiles de notre système énergétique. »
Une position qui rassure d’autres gouvernements. Au sein de la délégation européenne, plusieurs sources françaises approuvent les termes choisis par l’ancien secrétaire d’Etat de Barack Obama, entre 2013 et 2017. Beaucoup de parties prenantes se félicitent aussi du groupe de travail commun sur le climat créé par les Etats-Unis et la Chine avant le début de la conférence, une initiative doublée d’une déclaration où les deux pays s’engageaient à tout faire pour respecter l’accord de Paris et admettaient qu’il faudrait parler du charbon, du pétrole et du gaz.
Mais ces postures officielles ne cachent pas de profondes divergences. Mercredi, John Kerry a répété son attachement aux solutions de captage et de stockage de carbone (CCS). « La science dit que nous devons réduire les émissions. Elle ne prescrit aucune discipline particulière à suivre », a énoncé M. Kerry, avant d’ajouter que « la science dit que nous ne pouvons pas atteindre le zéro [émission] net[te] d’ici à 2050 sans un certain captage du carbone ».
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